Il y a encore quelques d’années, investir dans une petite centrale hydroélectrique (une PCH, dans notre jargon) était une vraie bonne affaire. Aujourd’hui le modèle économique des PCH apparaît très fragilisé compte tenu de plusieurs facteurs : 

  • La baisse durable des prix de vente de l’électricité  
  • L’augmentation des contraintes environnementales et réglementaires 
  • La hausse constante de la fiscalité locale 

Conséquence, les coûts de revient de la production sont en constante augmentation. A cela, s’ajoute un contexte climatique incertain, entre réchauffement global et alternance d’années sèche et humide.  

Que faut-il réellement prendre en compte pour calculer la rentabilité d’une PCH ? Et quelles sont les solutions pour les propriétaires de centrales hydroélectriques ? Faisons le tour de la question. 

 

Des risques réglementaires à ne pas négliger 

Lors du renouvellement de l’Autorisation Préfectorale, vous devrez peut-être mettre votre centrale hydroélectrique en conformité avec les nouvelles exigences de continuité écologique. Un grand pas pour les poissons, mais peut être une grande dépense pour vous ! 

Autre élément réglementaire à prendre en compte, le renforcement des contrôles menés par la CRE en matière de comptabilité. Rien que de très classique, mais ceux qui ont déjà eu un contrôle en connaissent la lourdeur. 

Le plus difficile reste peut être la réglementation quant aux risques humains : la sécurisation est de plus en plus encadrée, en particulier pour les personnes travaillant sur les centrales, afin d’éviter des accidents qui pourraient s’avérer dramatiques. Cet aspect ne doit évidemment pas être négligé, mais nécessite là aussi des investissements parfois importants. 

 

La production d’énergie hydraulique menacée par la sécheresse ? 

En 2017, la sécheresse exceptionnelle a eu des conséquences directes sur le niveau de production. On a enregistré des diminutions importantes de la production d’hydroélectricité : moins 27% par rapport à l’année précédente sur le Rhône, par exemple. A l’été 2018, les photos du Doubs asséché on fait le tour du Web et des réseaux sociaux. Et pourtant, à l’inverse de 2017, l’année 2018 a été particulièrement humide, et le niveau de production hydroélectrique fut très bon.  

Production hydraulique - le doubs à sec

Le lac de Bouverans, dans le Doubs, vidé par la sécheresse en 2018 – François Petite

Que faut-il en déduire ? Pas nécessairement que c’est la fin de l’hydroélectricité bien sûr. Mais ceci illustre bien la nécessité de prendre en compte une large plage d’années dans l’analyse de la production. Les différences d’une année sur l’autre peuvent être étonnantes et l’investissement dans une centrale hydroélectrique reste un investissement de long terme ! 

Cela dit, le long terme justement s’inscrit tout de même dans une tendance au réchauffement climatique. Il ne s’agit pas de jouer les cassandres, mais de tenir compte d’une réalité : la CNR a elle-même publié un communiqué de presse en mars 2018 pour annoncer qu’elle intégrait désormais une baisse de 10% à l’horizon 2050 des volumes d’eau du Rhône… 

 

Les points à bien étudier pour (ré)évaluer la rentabilité d’une centrale hydroélectrique… 

Pour mesurer aujourd’hui la rentabilité d’une PCH, vous devez évaluer plusieurs points : 

  • Le « productible » de la centrale, qu’il faudra analyser sur les récentes années passées pour avoir une idée de l’évolution de la production et faire une estimation réaliste pour les années à venir 
  • La durée résiduelle du tarif d’achat dont bénéficie la centrale. Cette donnée a un impact crucial sur la valeur de la Centrale car il n’est pas évident que l’Etat reconduise à l’avenir les contrats d’achat d’électricité pour l’hydroélectricité ou qu’il maintienne les niveaux des tarifs H07 ou H16… 

 Ensuite vient la délicate partie des investissements relatifs au contrat H07. Pour bénéficier d’un contrat d’achat de type H07, des investissements de rénovation étaient exigés du propriétaire de la centrale, mais ils n’ont pas toujours été intégralement effectués… Attention aux contrôles administratifs qui se durcissent : si les travaux ne correspondent pas, l’addition peut être salée ! 

 

La transformation numérique à la rescousse ? 

Le tableau peut sembler un peu noir… Il existe néanmoins des innovations et des solutions technologiques nouvelles qui permettraient de retrouver la rentabilité des beaux jours. 

La maintenance par exemple peut désormais être confiée à des drones, qui effectuent les relevés et transmettent l’information à des intelligences artificielles, qui à leur tour vont prendre une décision de réparation (qu’un autre drone pourra effectuer ?). Ce n’est plus tout à fait de la science-fiction, mais cela ne concerne aujourd’hui que les grands barrages d’EDF, les petites centrales sont loin de pouvoir s’offrir ce genre de service. 

Des nouvelles opportunités de revente commencent également à apparaître. De plus en plus de petits propriétaires de centrales se font approcher par des acteurs privés, prêts à racheter l’électricité avant sa réinjection dans le réseau. Pour quoi faire ? On parle ici de Blockchain, de miner du Bitcoin… Mais les offres sont assez floues sur les garanties et dans leur nature même, assez peu sécurisantes donc pour l’instant … 

 

L’horizon a donc bien changé en quelques années pour les propriétaires indépendants de PCH. Le pic de rentabilité a été atteint, et les diverses contraintes sont de plus en plus lourdes. On peut estimer aujourd’hui que plus on attend pour vendre sa centrale, plus elle perd de sa valeur, à moins de détenir un parc important ou d’être adossé à un partenaire. C’est dans ce sens que Cap Vert Energie oriente sa stratégie : accompagner les propriétaires dans l’exploitation de leur centrale, avec un panel de solutions adaptées à chaque situation. Vous souhaitez échanger avec un consultant sur la valeur de votre centrale et nos solutions ? Cliquez sur le bouton ci-dessous pour entrer en contact avec un expert !

 

 Photo de couverture par Ezra Comeau-Jeffrey

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